mardi 4 octobre 2011

Itinéraire d'un enfant gâté

Il n’est jamais facile de parler de Lewis Hamilton. Pour preuve j’ai recommencé ma chronique un nombre incalculable de fois avant de trouver une amorce qui me convenait. Ce n’est pas facile, parce que tout le monde a son avis sur le comportement en piste du champion du monde anglais et que tout ou presque a déjà été dit à son sujet. Du coup je ne voulais pas revenir une énième fois sur les incidents dans lesquels le pilote McLaren a été impliqué depuis le début de la saison au risque de lui faire un procès d’intention que d’autres se sont déjà chargé de lui faire et qui ne serait, à mon sens, que très peu constructif.

Je dois bien admettre que après son accrochage avec Felipe Massa lors du Grand Prix de Singapour je n’ai pu m’empêcher de lâcher « Il faudrait quand même que la FIA le sanctionne une bonne fois pour qu’il comprenne ! » Après coup je crois qu’il s’agissait plus d’un incident de course qu’autre chose – même si les derniers développements laissent penser que Massa n’est sans doute pas si innocent que cela dans l’affaire – mais le problème est que ce n’est pas la première fois que Lewis se trouve en mauvaise posture et qu’il accumule les casseroles depuis Melbourne, et que ça commence à faire beaucoup. Du coup on ne lui laisse même plus le bénéfice du doute, alors que peu de gens ont trouvé quoi que ce soit à redire sur l’accident – pourtant autrement plus spectaculaire – de Michael Schumacher et Sergio Pérez dû à une erreur d’appréciation du septuple champion du monde.

Lewis Hamilton est devenu un sujet sensible au sein de la communauté des fans de F1 et dans le paddock. A tel point que le cas du pilote McLaren devrait être discuté lors du briefing des pilotes à Suzuka, le week-end prochain. Ce que je crois c’est que Lewis Hamilton vit mal le fait de ne pas être en mesure de lutter pour la victoire tous les quinze jours. Comme tous les grands champions, l’Anglais possède un égo démesuré et accepte mal la défaite.

Si on se penche sur la jeune carrière d’Hamilton on se rend compte que la défaite, il ne l’a pas souvent connue. Il n’a que huit ans lorsqu’il débute en karting. L’année suivante, il se met en évidence en remportant le championnat national de la discipline et est invité au gala de fin de saison organisé par le magazine Autosport. C’est à cette occasion qu’il rencontre un certain Ron Dennis à qui il confie qu’un jour il aimerait rouler pour son équipe. Trois ans plus tard, Dennis fait signer un contrat de longue durée avec le jeune homme. Lewis entre dans le giron d’une des équipes les plus titrées de l’histoire de la F1. En 2002 il est engagé dans le championnat britannique de Formule Renault. Il termine à la cinquième place du championnat et est le meilleur rookie de la discipline. En 2003 il reste en Formule Renault et remporte le titre. En 2004, il change de catégorie et passe en Formule 3. Il termine également 5ème pour sa première année et meilleur débutant avant de remporter le titre l’année suivante. En 2006, il rejoint le championnat GP2 au sein de l’écurie championne en titre ART GP en lieu et place de Nico Rosberg, titularisé chez Williams. Le titre en poche, il est donc titularisé en F1 au sein de l’écurie McLaren qui finance sa carrière depuis qu’il a onze ans.

Comme dans les catégories inférieures, Hamilton n’attend pas pour montrer l’étendue de son talent et il ne fait aucun doute que McLaren tient là un futur vainqueur de Grand Prix et un futur champion du monde en puissance. Après être monté sur le podium à plusieurs reprises, le jeune homme connait les honneurs de la première place au terme du Grand Prix du Canada. Pour sa première saison dans la catégorie reine du sport automobile, Lewis Hamilton fait jeu égal avec le double champion du monde Fernando Alonso et lutte pour le titre avec les pilotes Ferrari. On sait que c’est finalement Kimi Räikkönen qui sera titré au volant de la Ferrari mais cela n’est que partie remise pour Hamilton qui s’adjugera le titre mondial la saison suivante au terme d’un final haletant sur les terres de Felipe Massa. La saison 2009 sera plus compliquée pour lui et son équipe. McLaren ne s’est pas bien adaptée à la nouvelle règlementation et la MP4/24 n’est pas la machine à battre cette année-là. Cela ne l’empêche pas de s’imposer en Hongrie. En 2010, McLaren retrouve de sa superbe et Lewis se bat jusqu’au bout pour le titre mondial mais c’est Sebastian Vettel qui coiffera tous le monde au poteau pour conquérir la couronne. Et cette saison, l’ogre Vettel ne laisse que des miettes à ses concurrents. On le voit, Lewis Hamilton n’a pas été habitué à perdre. Rapidement incorporé dans le giron de McLaren, il a toujours été au bon endroit au bon moment et n’a jamais véritablement connu de saison « sans ».

Seulement depuis trois saisons, il n’a plus été le meilleur des 24 pilotes alignés sur la grille. Cette période de « disette » est la plus longue de sa jeune carrière et il semblerait qu’il commence à trouver le temps long. Un peu comme un enfant trop gâté à qui on refuse un jouet dans un grand magasin. Attention, cette chronique n’a pas pour but de fustiger Hamilton, mais simplement d’essayer de comprendre pourquoi Lewis à quelque peu tendance à faire n’importe quoi par moment. Son dépassement sur Michael Schumacher à Monaco à Sainte-Devotte était superbe et j’aime voir des pilotes attaquer pour essayer de gagner des positions, je crois que c’est l’essence de la course. Mais force est de constater que Lewis a tendance à en faire trop cette année.

De tous les commentaires qui ont été fait à tord et à travers après la course de Singapour, le plus intelligent est, à mon sens, celui de David Coulthard qui estime que le pilote anglais aurait besoin d’un ami, de quelqu’un à qui il pourrait se confier en toute circonstance, quelqu’un en qui il aurait confiance, quelqu’un qui serait là pour lui dire quand il est bon mais aussi et surtout quand il fait des conneries. Ce que je crois aussi c’est que Lewis aurait besoin de changer d’air en 2013 quand des baquets intéressants se libèreront. Il a tout connu avec McLaren et une certaine lassitude s’est peut-être aussi installée. Ce qui est certain, c’est que Lewis Hamilton est sans conteste un des meilleurs pilotes de sa génération mais qu’il a besoin de canaliser sa frustration de manière positive à l’avenir.

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