lundi 17 janvier 2011

Une drôle d'idée...

L'aventure n'aura été que de courte durée.
La semaine dernière, le petit monde de la Formule 1 a perdu l'un de ses inventeurs : Derek Gardner. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais cet ingénieur est à l'origine d'une idée pour le moins étrange : Une F1 à six roues!

Si le principe peut paraître farfelu au premier abord, il répond pourtant à un objectif aérodynamique simple : réduire la traînée et donc augmenter la vitesse de pointe. En effet, Gardner est parti du constat suivant : les F1 de l'époque étaient majoritairement propulsées par un moteur Cosworth. L'aérodynamique constituait par conséquent un domaine important pour prendre l'avantage sur ses adversaires.

Le règlement 76 réduit la largeur des voies et impose une largeur maximale de 150 cm aux boucliers avant et autres ailerons. L'idée de Gardner est de réduire la voie avant de sa monoplace à cette dimension. C'est de là que lui vient l'idée de réduire la taille des roues avant. Ainsi réduites, elles sont cachées entièrement derrière l'aileron  ce qui supprime l'effet nocif de la rotation inverse des roues par rapport au sens du flux d'air. Très bien, mais pourquoi six roues? Et bien qui dit réduction de la taille des roues dit aussi réduction de la surface au sol et donc de l'adhérence. Les deux roues supplémentaires ont pour but de compenser cette perte. Après des discussions avec Goodyear, la taille des pneus est arrêtée à 10 pouces (25,4 cm).

Le Projet 34 est d'abord construit sur la base d'une Tyrrell 007 de 1975 et effectue ses premiers tests au mois d'octobre sur la piste de Silverstone. Tests qui s’avéreront concluants, hormis une tendance au sous-virage. L'étape suivante est donc la construction d'une véritable monoplace à six roues. Mais un tel dispositif n'est pas sans avoir quelques inconvénients. Ce train avant, pour le moins original, nécessite un double système de suspensions et de freinage. Double système qui pose également des problèmes de poids. Malgré tout, Gardner parvient à amener le tout dans la norme admise.

La P34, ne fera pas son apparition dés le début de la saison 76. La 007 reprendra du service jusqu'à Long Beach, la P34 ne prenant la relève qu'à Jarama, quatrième manche du championnat. Le bilan de cette première sortie est mitigé. Si Patrick Depailler parvient à la hisser sur la troisième place de la grille de départ, Jody Scheckter ne fait pas mieux que le 14ème chrono. Les deux hommes saluent la légèreté de la direction, mais se plaignent en revanche du freinage, alors que ce point précis devait être un des avantages procurés par ce système.

La vitesse de rotation, plus importante, des petites roues provoquait une plus grande usure des plaquettes de freins. C'est d'ailleurs ce qui causera l'abandon de Depailler le lendemain, alors que Jody Scheckter rangera sa monoplace sur le bord de la piste, moteur cassé. Le Sud-Africain marquera les premiers points de la P34 lors du Grand Prix suivant, en Belgique en montant sur la dernière marche du podium. A Monaco les deux Tyrrell terminent derrière la Ferrari de Niki Lauda qui était intouchable dans les rues étroites de la Principauté.  Le potentiel semble donc bien présent.

En Suède, Scheckter signe la pole mais se fait surprendre au départ par Andretti qui s'empare du leadership et ne le lâchera qu'après l'explosion de son moteur. C'est alors Jody Scheckter qui hérite de la première place et remporte le Grand Prix de Suède devant son équipier. Malheureusement ce sera la seule victoire de la P34. La monoplace imaginée par Gardner connait d'importants problèmes de tenue de route et est relativement lente en ligne droite. L'ingénieur essayera d'apporter des modifications pour remédier à cela mais sans succès. Si le bilan de cette saison 76 peut paraître décevant dans l'absolu, la belle régularité des Tyrrell permet tout de même à l'équipe de pointer au troisième rang au championnat des constructeurs avec 71 points contre 74 à McLaren et 83 à Ferrari.

L'objectif pour 77 est d'améliorer l'aérodynamique de la voiture. Gardner conçoit une monoplace à la carrosserie beaucoup plus enveloppante afin d'augmenter la fluidité de l'ensemble et par conséquent, la vitesse de pointe. Autre nouveauté pour cette saison 77, l'arrivée de la First National City Bank américaine, qui permet à Tyrrell de renflouer ses caisses. Les premiers essais de la nouvelle P34 sont plus qu'encourageants. Depailler explose les chronos sur le circuit Paul Ricard, tandis que Ronnie Peterson, qui remplace Scheckter parti chez Wolf, découvre le concept du six-roues au volant d'une voiture de l'année précédente.

Malheureusement l'équipe devra rapidement déchanter. La carrosserie développée par Gardner se révèle particulièrement lourde. Et cela posera problème tout au long de la saison. La P34 ira même jusqu'à dépasser le poids minimum de 70 kilos. De plus, les problèmes de tenue de route ne s'arrangeront pas, pas plus que les soucis de freins. Si le bilan de la saison 76 avait laissé entrevoir des lendemains qui chantent, celui de 77 semble indiquer que le concept à six-roues conduit à une impasse. Tyrrell termine cinquième du championnat avec, seulement, 27 points au compteur. Peut-être qu'avec plus de temps, la P34 aurait pu devenir l'arme absolue mais en F1 le temps compte trop pour le perdre à essayer de mettre au point un concept qui, en deux ans, n'aura pas apporté les résultats escomptés. En 78, Tyrrell s'aligne donc avec une F1 traditionnelle, à quatre roues.

2 commentaires:

Steven86 a dit…

Oh, belle similitude avec un article présent sur f1imag ;-)

Benoit Fraikin a dit…

Le sujet traité est effectivement le même mais il me semble que la similitude s'arrête là ;)

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