mardi 14 juin 2011

Jenson Button, roi de la pluie

Dimanche, Jenson Button a signé une victoire de toute beauté en battant Sebastian Vettel dans les derniers kilomètres du Grand Prix du Canada disputé dans des conditions difficiles. Pourtant la course du champion du monde 2009 n’a pas été de tout repos. Qualifiées en cinquième et septième position sur la grille à cause de réglages pour piste humide, la course des McLaren promettait d’être meilleure que la séance qualificative d’autant que la pluie attendue était bel et bien présente au dessus de l’île Notre-Dame au moment de donner le départ. Départ donné sous régime de voiture de sécurité, par mesure de précaution ne connaissant pas le comportement des Pirelli dans ces conditions piégeuses.

La course de Button aurait bien pu se terminer prématurément suite à son accrochage avec Lewis Hamilton, auteur d’un mauvais départ et d’une touchette avec Webber. Le champion 2008 était, encore une fois, remonté pour essayer de revenir sur les leaders. Malheureusement le manque de visibilité lui aura été préjudiciable puisque Button ne l’a pas vu déboiter dans la ligne droite des stands provoquant l’abandon de la McLaren numéro trois. Button de son côté s’en sortait sans dommage. Un drive trough et un nouvel accrochage, avec Alonso, plus tard, le pilote britannique, relégué dans le milieu du peloton remonte un à un ses adversaires pour rejoindre Schumacher et Webber qui luttent pour la deuxième position. La suite on la connait, Button prend le meilleur sur les deux hommes et met la pression sur Vettel qui part à la faute dans le dernier tour laissant filler une victoire qui lui semblait pourtant promise.

Ce n’est pas la première fois que Jenson Button s’illustre dans des conditions de piste difficiles. Souvenez-vous de sa première victoire en Hongrie en 2006 au volant de sa Honda. Qualifié en quatrième position l’Anglais était relégué en septième ligne pour changement de moteur. La pluie avait permis, déjà, à Jenson de remonter dans la hiérarchie et de mettre la pression sur Michael Schumacher en fin d’épreuve. Idem en 2009 sous la pluie torrentielle de Sepang, mais c’est surtout l’année dernière que Button à user de sa science de la course pour prendre les bonnes décisions au bon moment pour s’imposer en Australie et en Chine alors que les conditions climatiques étaient changeantes.

La différence avec ces trois succès, c’est qu’au Canada, Button n’a pas semblé attendre que les autres fassent des erreurs mais à véritablement mis une pression constante sur ses adversaires. Vettel ne serait jamais parti à la faute s’il n’avait pas vu l’Anglais revenir du diable vauvert dans ses rétros. Lorsque Button disputait la deuxième place à Webber et Schumacher, le leader du championnat du monde disposait d’environ dix secondes d’avance. C’est dire à quel point la McLaren-Mercedes numéro quatre était performante en fin de course.

Martin Whitmarsh n’a pas hésité à qualifier la course de Button comme l’une des plus belles de l’histoire de la Formule Un, à juste titre. Je me rappelle avoir été de ceux qui trouvaient que Button faisait un « petit » champion en 2009 profitant véritablement de l’incroyable supériorité de sa Brawn en début de saison pour gérer en fin de championnat avec une monoplace nettement moins fringante que la Red Bull. Mais ses victoires en 2010 et l’ensemble de sa première saison chez McLaren où il a été loin d’être ridicule face à Hamilton, alors que beaucoup pensaient qu’il allait se faire massacrer par l’ogre de chez McLaren, m’ont convaincu que Button était bien plus qu’un champion un peu chanceux, mais un vrai pilote talentueux qui n’a pas usurpé son titre et qui vient une nouvelle fois d’inscrire son nom dans les anales de la discipline.

Le duo qu’il compose avec Hamilton chez McLaren me fait penser à la grande époque Senna-Prost, la bonne entente en plus. Hamilton a le côté parfois un peu sanguin de Senna, c’est un vrai racer comme disent les anglais, qui n’abandonne jamais tant que la course n’est pas finie et le drapeau à damiers brandi, au risque, parfois, d’en faire un peu trop comme à Monaco. Button est beaucoup plus réfléchi et possède une vraie science de la course un peu à l’image du professeur. Martin Whitmarsh a réussi à concilier deux pilotes au tempérament diamétralement opposé et dispose sans aucun doute d’un des plus beaux duos du plateau.

Cette victoire place Jenson Button à la deuxième place du championnat du monde à 61 points de Vettel. Il reste encore douze manches, le championnat est long et Vettel reste sur une série de résultat exceptionnelle : cinq victoires et deux deuxièmes places. Aller le chercher ne sera pas aisé mais aujourd’hui c’est Button qui est le mieux placé. Jusqu’au prochain épisode.

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