mardi 1 mars 2011

Trop tendres les Pirelli?

Pirelli va devoir convaincre
Si le prochain championnat verra le retour du (fameux) système KERS et l'arrivée de l'aileron arrière mobile, le plus gros changement de la saison 2011, sera sans aucun doute l'arrivée de Pirelli en lieu et place de Bridgestone comme manufacturier de pneumatiques.

C'est en juin 2010 que la marque italienne a été choisie pour devenir le nouveau fournisseur officiel de la Formule 1, avec pour mission de fournir des gommes favorisant le spectacle. Pirelli a donc travaillé sur des pneus à la fois performants mais peu endurants pour les plus tendres afin qu'il y ait une plus grande différence de performance entre les quatre types de pneumatiques (super tendres, tendres, mediums et durs) afin de favoriser les manœuvres de dépassements. 

Après plusieurs mois de développement avec une Toyota de 2009 confiée à Nick Heidfeld, Romain Grosjean et Pedro De La Rosa, les équipes de F1 découvraient leurs nouvelles gommes à Abu Dhabi après l'ultime manche du championnat du monde. Premier contact plutôt concluant. « Je crois que les pneus se sont bien comportés. Mieux que nous l’espérions étant donné le peu de temps dont Pirelli a disposé. Ils ont fait du bon boulot, » déclarait, pour sa part, le tout nouveau champion du monde Sebastian Vettel. 

Pourtant depuis le début des essais hivernaux, les avis sont beaucoup moins dithyrambiques et les critiques fusent concernant les produits fournis par la marque transalpine. La cause ? Une usure jugée beaucoup trop rapide, entrainant une chute importante des performances des monoplaces. « Les pneus se dégradent beaucoup, surtout à l’arrière, et les chronos ne sont pas cohérents, » se plaignait Fernando Alonso après ses premiers tours de roue sur le circuit de Valence.

Qui dit usure plus importante, dit passages aux stands plus nombreux. Ainsi les pilotes devraient s’arrêter à deux, voire trois reprises sur certains tracés. Fini donc d’essayer de sauver une mauvaise qualification en rentrant dans la pitlane dés le premier tour pour monter la deuxième spécification de pneus et aller au bout de l’épreuve en espérant grimper dans la hiérarchie. Une situation qui devrait donner lieu à des stratégies différentes en fonction des équipes.

Pour Jarno Trulli, ce n’est pas tellement l’usure qui pose problème mais l’équilibre. « A mon avis, la dégradation est secondaire par rapport à l’équilibre sur la piste. Lorsque vous avez des pneus neufs, il y a d’abord du sous-virage, puis trois tours plus tard le comportement est différent, » explique le pilote de l’écurie Team Lotus.

Les performances globales n’apportent pas entière satisfaction, mais est-ce que le but recherché, à savoir fournir plus de dépassements et donc plus de spectacle aux fans assis devant leur poste de télé et amassés aux abords des circuits sera atteint ? Sans aucun doute, à en croire Nick Wirth, directeur technique chez Virgin Racing. « Les journalistes et le public, vous allez vivre une saison particulièrement spectaculaire.» 

« A part les pneus, rien d’autre ne peut contribuer davantage à dépasser, parce que lorsque vous chaussez les pneus neufs vous pouvez être jusqu’à six secondes plus rapide que ceux qui n’ont pas changé de gommes, » a, pour sa part, déclaré Fernando Alonso au journal espagnol Diario Sport.

Avis partagé par Mark Webber, même si l’Australien émet un petit bémol. « Avec les différentes stratégies, il y aura des différences de vitesse importantes entre les monoplaces. Mais parfois ce sera une voiture facile à dépasser, je ne sais pas si ce sera spectaculaire, » s’interroge le pilote Red Bull dans les colonnes d'Auto Motor und Sport.

Le seul à se montrer vraiment sceptique à ce sujet n’est autre que le champion du monde 2010, Sebastian Vettel. Le jeune homme de 23 ans, estime que l’usure des pneus aura pour effet de mettre beaucoup de dépôt de gomme en dehors de la trajectoire ce qui rendra plus compliqué une tentative de dépassement. « A la mi-course, il y aura tellement de gomme sur la piste que même les ailerons ajustables ne vous aideront pas. Parce que lorsque vous serez hors de la trajectoire, vous devrez freiner beaucoup plus tôt, » explique Vettel. 

Le bilan est un peu plus positif en ce qui concerne les pneus pluie et intermédiaires développés par Pirelli. Si Jaime Alguersuari a salué la constance des gommes intermédiaires, Kobayashi estime que l’adhérence de ces pneus est moins bonne que celle des Bridgestone. La plus grande inconnue reste de savoir quand passer des pneus pluie aux intermédiaires et des intermédiaires aux slicks.

Il y a tout de même des pilotes qui sont satisfaits du passage des Bridgestone aux Pirelli. C’est le cas de Felipe Massa qui a connu une campagne 2010 délicate. Le Brésilien, tout comme Michael Schumacher, n’arrivait pas à faire fonctionner correctement les pneus avant. Les gommes italiennes offrent un train avant beaucoup plus directif ce qui donne une meilleure précision en entrée de virage et convient mieux au pilote Ferrari. « Je contrôle bien mieux la monoplace et je sais ce que je peux faire, » expliquait Massa après les derniers essais de Barcelone. 

Autre pilote qui devrait apprécier ce changement, c’est Jenson Button. L’Anglais est connu pour avoir un pilotage coulé, au contraire de son équipier qui use plus ses pneus. « Nos simulations de pré-saison suggèrent que les nouveaux pneus devraient bien convenir à mon style de pilotage, » déclarait le champion du monde 2009 lors de la présentation de la MP4-26 à Berlin.

De son côté, Lewis Hamilton se veut philosophe, rappelant que la situation sera la même pour tout le monde. Sauf que chaque dimanche, il y aura un vainqueur et des vaincus. Chiche que les pneus seront régulièrement incriminés pour expliquer une contre performance ? 

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

 
Design by Free WordPress Themes | Bloggerized by Lasantha - Premium Blogger Themes |