mardi 10 mai 2011

Spy game

Coughlan avait faillit revenir en 2010
Après le retour de Pat Symonds dans le rôle de consultant pour le compte de Marussia Virgin Racing, c'est au tour d'un autre personnage au passé trouble de faire son retour dans les paddocks. Ce qui était dans l'air depuis quelques semaines, est devenu officiel mardi dernier : l'écurie Williams va subir une profonde restructuration dans les prochains mois. Exit Sam Michael et Jon Tomlinson, bienvenue Mike Coughlan. Le même Coughlan qui avait été, avec Nigel Stepney, à l'origine de l'affaire d'espionnage entre Ferrari et McLaren-Mercedes en 2007, et qui avait été impliqué dans le projet, mort né, de Stefan GP.

La fin de saison 2006 marque la fin d’une ère pour la Scuderia Ferrari : Michael Schumacher met un terme à sa carrière, Ross Brawn prend une année sabbatique et Jean Todt ne reste que pour assurer la transition avec Stefano Domenicali (actuel team principal de l’écurie au cheval cabré). Tous ces départs impliquent une refonte de l’organigramme de l’équipe et ne plaisent guère à Nigel Stepney qui garde le même poste (chef mécanicien) alors qu’il espérait prendre du galon. Il menace même de quitter l’écurie. Finalement, il reste au sein de la Scuderia à un nouveau poste qui ne l'amène plus à se déplacer sur les Grands Prix. C’est de ce désaccord que va naître le scandale de l’affaire d’espionnage mieux connue sous le nom de Stepneygate.

Le 3 juillet 2007, on apprend que Ferrari a porté plainte contre Stepney pour communication d’informations confidentielles à un membre de l’écurie McLaren-Mercedes. Nigel Stepney est licencié de chez Ferrari. Suite à la déclaration de la Scuderia, McLaren annonce avoir suspendu l’un de ses ingénieurs, mais sans le nommer. Nous saurons plus tard qu’il s’agit de Mike Coughlan, chef-designer de l’équipe anglaise.

Cette suspension intervient suite à une perquisition au domicile de Coughlan durant laquelle la police a trouvé des documents techniques confidentiels appartenant à la Scuderia Ferrari.

La question que se posent le paddock et les observateurs est de savoir si Mike Coughlan a agi seul et pour son propre compte ou si d’autres membres de l’écurie britannique sont mouillés dans l’affaire.

Le 6 juillet 2007, à l’occasion du Grand Prix de Grande-Bretagne, Nick Fry, le directeur de l'écurie Honda F1 déclare qu’au début du mois de juin 2007 les deux ingénieurs ont proposé leurs services à l'’écurie Honda. A cette époque, le team nippon est au plus mal. La Ra107 est ratée et les résultats sont catastrophiques. A la mi-championnat, les deux pilotes; Rubens Barrichello et Jenson Button n’ont pas encore inscrit la moindre unité. Autant dire que la proposition des deux hommes tombe à pic.

Les négociations iront bon train jusqu'à ce que soit posée la question de l’argent. C’est à ce moment-là que ça coince. Les deux hommes se montrent trop gourmands et particulièrement Nigel Stepney qui réclame 7 millions de dollars par an. Nick Fry ne voit pas pourquoi il payerait cette somme à l’ancien protégé de Ross Brawn chez Ferrari d’autant que Mike Coughlan ne demande « que » 2 millions de dollars.

Nick Fry affirme qu’il n’a jamais été question de documents appartenant à Ferrari lors des négociations. Honda ne sera d’ailleurs pas inquiétée.

McLaren déclare n’avoir jamais été au courant des agissements de son employé et pour prouver sa bonne foi, invite la FIA et Ferrari dans son usine afin de montrer que les travaux effectués sur les monoplaces d’Alonso et d’Hamilton n’ont pas profité des documents provenant de l’usine de Maranello.

Le 11 juillet, Mike Coughlan et sa femme Trudy (c’est elle qui aurait photocopié les documents de la Scuderia) sont amenés à témoigner devant la Haute Cour de Justice de Londres. Coughlan passe alors un accord avec Ferrari et promet de dire tout ce qu’il sait en échange de l’abandon des poursuites. Lors de ce témoignage, Mike Coughlan révèle que d’autres membres de chez McLaren étaient au courant qu’il possédait des documents techniques de Ferrari.

Ces révélations de Coughlan marquent un tournant dans cette sombre histoire d’espionnage. La FIA, qui jusque-là ne faisait qu’observer les procédures judiciaires entre les deux équipes, décide de s’en mêler et ouvre le dossier sportif de l’affaire. Le 26 juillet, la FIA convoque McLaren-Mercedes devant un Conseil Mondial extraordinaire afin de s'expliquer sur une éventuelle infraction à l'article 151c de son Code Sportif International. A l'issue de la réunion, McLaren est reconnue coupable de possession illégale de documents confidentiels appartenant à Ferrari, mais n’est pas sanctionnée, faute de preuve. La FIA se réserve toutefois le droit de revoir son jugement si des preuves de cette culpabilité venaient à lui parvenir.

Ces preuves, la FIA annoncera les avoir le 5 septembre. Ces nouveaux indices viennent directement de membres de chez McLaren puisqu’il s’agit de ceux fournis par Fernando Alonso et Pedro de la Rosa. Les deux pilotes ont accepté de témoigner en échange de la promesse qu'aucune sanction ne serait retenue contre eux. Le Grand Prix de Hongrie est passé par là et l’ambiance entre Alonso et son équipe est au plus mal.

A l’issue du deuxième Conseil mondial, l'écurie McLaren est reconnue coupable de tricherie. La FIA décide de l'exclure du championnat du monde des constructeurs, et lui inflige une amende record de 100 millions de dollars. En revanche, aucune sanction n'est prononcée à l'encontre des pilotes qui seront donc libres de se battre pour le championnat. Le lendemain, la FIA annonce les motifs de son verdict, d'où il ressort que, via des échanges de mails ou de SMS avec Nigel Stepney, plusieurs membres de McLaren, dont Fernando Alonso et Pedro de la Rosa, étaient régulièrement au courant du travail effectué au sein de la Scuderia Ferrari. Bien que contestant la sévérité du verdict, McLaren renonce à faire appel, souhaitant mettre cette affaire derrière elle au plus vite.

En plus de la disqualification de l’équipe pour 2007, la FIA suspend son inscription pour la saison suivante. Les futures monoplaces de McLaren devront être inspectées pour vérifier qu’elles ne bénéficieront pas des données de Ferrari. La validité de la MP4/23 sera établie le 14 février 2008, soit un mois avant le début du championnat. Mais le 18 décembre, suite à la publication par McLaren d'une lettre d'excuse dans laquelle elle reconnaît son implication dans le scandale et promet de geler tous les développements qui pourraient avoir été inspirés par les données de Ferrari, la FIA décide d'annuler l'audition du 14 février et d'accepter sans conditions sa future monoplace.

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